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 Séance 4 : poésie et voyage

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Mlle Cappon




Messages : 305
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MessageSujet: Séance 4 : poésie et voyage   Séance 4 : poésie et voyage Icon_minitimeLun 11 Mai - 9:18

Introduction
Baudelaire, envoyé aux Indes par son beau-père en 1841, fait escale à la Réunion au cours de ce voyage et y reste quelques jours. "La vie antérieure", poème XII de la section « Spleen et Idéal », évoque avec nostalgie ce séjour, qui lui a peut-être donné un aperçu de l'Idéal et qui lui laisse un souvenir impérissable.
Problématique :
On peut se demander comment le désir de voyage et l'aspiration à cet Idéal se confondent dans ce poème.

Plan
I. Un paysage Baudelairien
II. La nostalgie du passé
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 4 : poésie et voyage   Séance 4 : poésie et voyage Icon_minitimeMer 20 Mai - 16:27

1. Un paysage baudelairien
1. Un univers pictural
Les quatrains imposent l'immensité du décor. Ainsi, les adjectifs "vastes" (v.1) et "grands" (v. 3) signalent des dimensions considérables, tandis que l'adjectif "majestueux" (v.3) suggère une grandeur spirituelle autant que matérielle (v.3), en une correspondance verticale renforcée par l'évocation des "piliers". De même, les substantifs de ce quatrain sont tous au pluriel, ce qui contribue à dilater l'espace à l'infini : "portiques"(v.1), "soleils"(v.2), houles" (v.5).

À cela s'ajoute la dilatation du temps. Avec l'adverbe "longtemps" (v.1) et les enjambements qui allongent le rythme du poème, la durée de la vie antérieure n'appartient plus au temps des horloges. PAr ailleurs, le pluriel des "soleils marins" (v.2) ainsi que le verbe à l'imparfait "teignaient" évoquent l'idée de l'éternel retour de ces journées lumineuses. En outre, ce vers fait surgir deux éléments chers au poète : la mer et la lumière surpuissante. La force évocatrice du vers réside dans l'image des "soleils marins" : partant d'une réalité (l'éclat du soleil réverbéré par les flots), le poète fait fusionner deux éléments incompatibles, l'eau et le feu. De même, au vers 5 l'immensité de la mer et le paysage céleste se confondent, évoquant le reflet des nuages sur les vagues.

L'élément central du décor se retrouve dans le vers 1: "J'ai longtemps habité sous de vastes portiques". Ces portiques, on peut les imaginer comme des galeries soutenues par des colonnades (cf. "grands piliers", v. 3), comme celles de l'architecture grècque ou romaine. C'est l'image même du goût classique, pour sa majesté, son équilibre et sa symétrie, que le poète partage au plus haut point. Ainsi, le "je" s'imagine l'hôte de la Beauté architecturale.

Du point de vue formel, le v. 1 (comme un portique) est impeccable par sa régularité:
-par les accents qui délimitent les quatre mesures:
J'ai longtémps/ habité / sous de vás / tes portíqu(es) (3 sylabes /3 / 3 / 3)
-le son [t], qui revient toutes les trois syllabes, accroît l'effet d'équilibre rythmique.

Dans les vers 3 et 4, le paysage subit une métamorphose ; la pierre, au crépuscule, ressemble au basalte (noir). Pour Baudelaire, il n'est pas de Beauté complète sans que soit faite une part à l'obscur (par ex. le soir, moment favori du poète) et au mystère inquiétant (ici, les grottes et la pierre noire). La comparaison des portiques avec des grottes noires transforme l'ordre classique des colonnades en un paysage lié à l'ère primitive. Rappelons que la grotte est dans les mythologies le lieu de naissance de nombreuses divinités, l'image du ventre maternel.
Au terme du premier quatrain s'est imposé un paysage ouvert sur l'infini (la mer) mais structuré par l'architecture (les portiques), à la fois artistique et primitive (les grottes). L'évocation est si forte que l'on peut parler d'hypotypose : en lisant, l'on se représente facilement ce que le poème décrit. La critique a rapproché ce rêve esthétique d'une source picturale (les influences picturales sont nombreuses chez Baudelaire: les tableaux de Claude Gellée, dit le Lorrain (1600-1682), où d'immenses architectures classiques sont baignées par la mer et enveloppées par la lumière du soleil couchant. En voici un exemple :

Séance 4 : poésie et voyage Lorrain

2 – Les sensations

Dans le deuxième quatrain, outre ces éléments visuels, on remarque la valorisation esthétique du bruit de la mer : le volume sonore est magnifié par l'adjectif "tout-puissants"; "solennelle" et "riche" ajoutent une idée d'élévation spirituelle, soulignée par l'adjectif "mystique". "Musique" renvoie à l'oeuvre d'art, peût être à la symphonie ("accords" des différents timbres), forme privilégiée de la musique romantique.
La musique des vagues entre de plus en harmonie avec un autre élément esthétique: la couleur. Les houles en effet mêlent leur musique "Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux" (v.Cool.
Le paradis antérieur apparaît alors comme le lieu de la correspondance, offerte par les éléments eux-mêmes, entre la beauté d'un spectacle visuel et celle de la musique. Le paysage donne accès à une harmonie "solennelle et mystique": il s'agit de l'harmonie de l'Idéal auquel, selon la pensée de Baudelaire, accède par l'imagination celui qui est capable de saisir le lien des correspondances.
On voit le "je" s'intégrer par le regard dans le système du reflet, il fait donc partie de l'harmonie évoquée. Il se retrouve ainsi intégré dans l'immensité du monde sensible mais aussi dans celle de l'Idéal. La rime "cieux"-"yeux" souligne l'analogie parfaite entre ce "je" et le monde. Le quatrain forme donc une totalité où s'expriment à la fois l'harmonie des éléments entre eux et l'intégration parfaite de l'homme au sein de l'univers sensible mais aussi spirituel.


Dernière édition par Mlle Cappon le Mer 20 Mai - 16:29, édité 1 fois
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 4 : poésie et voyage   Séance 4 : poésie et voyage Icon_minitimeMer 20 Mai - 16:28

II. Un poème qui se veut nostalgique
1. Une vie antérieure
Dans les tercets, le "je" passe au premier plan : il occupe la position centrale au sein des éléments naturels ("j'ai vécu... au milieu de l'azur", v. 9 et 10), puis au milieu des hommes ("Et des esclaves nus", v. 11). Le mouvement de reprise ("C'est là que j'ai vécu") fait écho au vers 1, et assure la continuité spatiale; le choix du verbe "vivre" suggère mieux que le verbe "habiter" la fusion du "je" et du paysage. La préposition "dans" ("dans les voluptés calmes", v. 9) confirme cet impression.. • L'expression "voluptés calmes" renferme une étonnante alliance de mots. Baudelaire associe généralement la volupté au peché, à une idée de souffrance, de douleur, de déchirement spirituel. Par contre, nous sommes ici dans une sorte de paradis, d'Éden, antérieur aux notions de péché et de remords.
L'alexandrin suivant conforte cette impression d'harmonie :son rythme, ralenti par les virgules, est régulier. C'est le vers de la fusion par excellence : celle de la mer et du ciel, du concret et l'abstrait (les "splendeurs"), du "je" et de la beauté de l'univers. La locution "au milieu de" implique que les éléments entourent un moi en position centrale et passive (paisible?).
L'Azur évoqué apparaît à plusieurs reprises dans les poèmes des Fleurs du mal pour faire appel au domaine de l'Idéal, et sera repris plus tard dans ce sens par Mallarmé.

On voit se renforcer dans les vers 11 et 12 l'idée que tout tourne autour du "je": les esclaves (qui renvoient à la fois à l'exotisme et à l'Antiquité) se consacrent à son bien-être ; les palmes dont ils le rafraîchissent évoquent le monde oriental (les palmiers) et , sur le plan symbolique, la puissance et la victoire.
La nudité des esclaves correspond à un univers originaire, dépourvu de toute idée de faute ou péché (lié à la nudité et à la sexualité).Ceux-ci étant "tout imprégnés d'odeurs", cela introduit dans le poème le sens de l'odorat qui complète l'ivresse de sensations évoquées dans les quatrains.


2. Le rejet d’un monde oppressant
Pourtant, pourquoi faudrait-il rafraîchir sans cesse le "front" de ce "je" apparamment hereux? Rappelons que le "front" apparaît souvent chez Baudelaire comme le symbole de l'activité de la pensée, toujours lourde et pénible. Un malaise s'insinue donc, au sein de ce tableau harmonieux.
Par ailleurs, cette fusion, cette harmonie entre le poète et le paysage fait partie du passé, ainsi qu'en témoigne le temps du verbe "vivre", conjugué au passé composé ("j'ai vécu")

Le "je" souffre de connaître un "secret" dont le poème n'éclaire pas le contenu, mais les effets : c'est un secret douloureux, qui stérilise le désir et suscite le Spleen. Les études sur Baudelaire admettent le plus souvent que le "je" pressent finalement l'idée de péché originel qui, selon la Bible, a entraîné l'exclusion de l'homme hors du paradis terrestre. Le poète aurait donc peint le rêve d'une vie antérieure, semblable à un paradis originel ; puis il y aurait inclus l'impossibilité d'y croire tout à fait. À la fin s'insinue l'angoisse de savoir qu'il y aura une "vie ultérieure", laide et torturante : la vie d'ici et maintenant. Ainsi, le mythe biblique de l'exclusion du paradis lui permet de mieux exprimer le sentiment d'exil permanent de l'homme (et notamment du poète) dans le monde. L'Idéal n'apparaît que dans des visions harmonieuses mais éphémères, miné par la conscience de l'inévitable retour du Réel, du spleen.
Dans une vision moins large, on peut également supposer que cette angoisse est due à l'impossibilité pour le poète d'atteindre l'Idéal auquel il aspire et d'où il croit venir. On peut égalment y voir, en restraignant encore le niveau d'analyse, une référence à son passé qui lui paraît idyllique en comparaison avec sa situation depuis le remariage de sa mère.
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 4 : poésie et voyage   Séance 4 : poésie et voyage Icon_minitimeJeu 28 Mai - 15:03

Conclusion

A travers un paysage paradisiaque qui se dessine au travers de correspondances et de synesthésies, Baudelaire exprime son aspiration à l'Idéal, représenté cette fois sous la forme d'un passé, d'une sorte d'Age d'Or auquel il est impossible de revenir. Le désir de voyage de Baudelaire et la nostalgie d'un Idéal sont donc ici étroitement mêlés en une sorte de synesthésie plus vaste que celles qui s'opèrent entre l'Homme et la Nature, le Concret et l'Idéal.
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MessageSujet: Re: Séance 4 : poésie et voyage   Séance 4 : poésie et voyage Icon_minitime

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