II. Une réflexion sur le bonheur
Une vision archétypale de deux modèles philosophiques et de deux modes de vie
* Ce qui sous-tend le discours de Valmont est l’opposition entre deux modèles philosophiques bien connus même s’il sont quelque peu caricaturés : Stoïcisme et Epicurisme :
=> le stoïcisme prône une forme de bonheur marquée par l’absence de trouble : pas de sentiments excessifs,apathie de l’âme.
=> la vision courante de l’Epicurisme (la philosophie est en fait plus complexe) est de jouir de la vie, le fameux « carpe diem ».
=> Le stoïcisme est illustré par l'attitude de Mme de Tourvel, l'épicurisme est représenté par Valmont.
* Opposition : « froide tranquillité », « sommeil de l’âme », « image de la mort », « rigueurs désolantes »/ « passions actives », « abandonner », « entièrement », « délire », « désespoir »
* Valorisation de la sensation sur l'absence de ressenti :
=> « je suis plus heureux que vous » pour entraîner Mme de Tourvel à partager son point de vue
=> la souffrance imposée par le dédain de la destinataire et ou par l'amour est systématiquement niée, ou du moins présentée comme mineure en comparaison de la joie que procure la passion partagée (il semble ainsi la pousser à éprouver de la honte pour la cruauté dont elle fait preuve en rejetant son amour, et paraît suggérer que pour éviter qu'il ne souffre, et pour mettre fin à ses remords, elle doit lui céder)
* Il s’agit donc aussi d’un hymne à la sensation, au plaisir charnel et à la libération des mœurs, synonyme de bonheur, qui s’oppose à la morale austère et rigoureuse représentée par la présidente (et à la religion qui sous-tend cette morale), synonyme d'ennui et de tristesse.