II. l'Exil
Pour traiter ce thème, Baudelaire établit une sorte de parallèle entre diverses figures d'exilés et il dédie son poème à V. Hugo, qui fut lui aussi exilé.
* Andromaque, "veuve d'Hector" et captive de Pyrrhus "vil bétail sous la main du superbe Pyrrhus" et plus tard, "épouse d'Hélénus" - partie II strophe 4.
-C'est par une apostrophe à Andromaque que commence le poème (vers 1), comme s'il s'identifiait à elle, qui est un symbole du deuil (elle a perdu Hector, mais aussi ses enfants).
-Sans compter que, de même que Troie est tombée autrfois, l'ancien Paris a disparu pour aisser place à un Paris entièrement rénové, suite aux travaux d'Haussmann :
> "le vieux paris n'est plus" (partie I, strophe 2)
> "camp de baraques", "tas de chapiteaux ébauchés" montrent que pour lui Paris n'a plus rien d'une ville
* le cygne évadé de sa cage mais perdu en plein Paris, qui rêve à sa vie d'antan comme Baudelaire dans son poème "La vie antérieure" :
- Opposition des rimes strophes 5-6 : cela renforce l'idée que le cygne n'est pas dans son élément naturel :
>cage (évoque l'emprisonnement, la captivité) # plumage (évoque le fait de prendre son envol et donc la liberté)
>sec # bec (le bec s'ouvre dans l'espoir qu'il pleuve pour étancher sa soif)
>natal # fatal (vie et mort)
> poudre (sécheresse) # foudre (annonciatrice d'orage, donc de pluie)
- Oxymore et antihèse soulignant l'état de détresse du cygne
> "ruisseau sans eau"
> "baignait ses ailes dans la poudre"
Le cygne nous rappelle l'Albatros du poème du même nom. Il est explicitement rattaché au thème de l'exil avec les vers :" Comme les exilés, ridicule et sublime / Et rongé d'un désir sans trêve ! "
* la femme noire, loin de son pays voit aussi son portrait bâti sur des antithèses :
- "boue", "brouillard" # "cocotiers", "superbe Afrique"
- expression de l'emprisonnement, comme pour le cygne : "derrière la muraille immense du brouillard"
* les orphelins, rattachés à l'évocation de la louve romaine, mais transformée ici en figure de la Douleur (partie II strophe 5).
* les autres, enfin, évoqués dans les derniers vers du poème, comme si Baudelaire, volontairement, commençait par la presitgieuse figure de l'exilée qu'est Andromaque pour, en une sorte de gradation, englober progressivement des êtres de moins en moins symboliques et de moins en moins excptionnels.