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| | Séance 3 : Chiquita, un personnage essentiel | |
| | Auteur | Message |
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Mlle Cappon
Messages : 305 Date d'inscription : 21/09/2008
| Sujet: Séance 3 : Chiquita, un personnage essentiel Mer 17 Déc - 14:53 | |
| Introduction
Situation du passage Les comédiens et Cyrano font halte à l'auberge du Soleil Bleu pour manger.C'est là que leur chemin croise pour la première fois celui de Chiquita, une petite fille reccueillie par un bandit, Agostin, à qui elle signale les voyageurs riches s'arrêtant à cette auberge afin qu'il puisse les détrousser une fois qu'ils ontrepris la route.
Problématique On pourrait se demander comment, à travers le portrait qu'il trace de Chiquita, le narrateur met en évidence son importance et le lien particulier qui la liera à Isabelle et Sigognac.
Plan I. Un portrait contrasté II. Une rencontre placée sous le signe du destin | |
| | | Mlle Cappon
Messages : 305 Date d'inscription : 21/09/2008
| Sujet: Re: Séance 3 : Chiquita, un personnage essentiel Mer 17 Déc - 14:59 | |
| I. Un portrait contrasté
1. Le contraste des couleurs dominantes Très peu de couleurs apparaissent dans le portrait de Chiquita : on hésite principalement entre le brun et le blanc - "fauve", "hâle", "pâleur", "blancheur nacrée", "bistre", "blanc", "brun sombre", "livide" sont les principaux adjectifs et GN se rapportant à la couleur dans le texte. Cette pauvreté de couleurs s'oppose à "l'or faux" des ornements des comédiennes, à "l'orient trompeur" des perles d'Isabelle, montrant par là que leurs mondes sont radicalement différents. Cependant, si l'on associe le noir à l'ombre, à la nuit, à la mort et le blanc au linceul, au cadavre, à la mort ; et si l'on ajoute à cela l'évocation à deux reprises du bleu, seule autre couleur de ce portrait - "bleuâtres", "bleu" -, qui est également une couleur froide, l'on constate que cette opposition des couleurs n'est qu'apparente. Elles sont d'ailleurs toutes trois réunies en une seule phrase décrivant les yeux, qui semblent concilier les contraires : "Le blanc en paraissait presque bleu, tant les prunelles y tranchaient par leur brun sombre". Ces couleurs associées au froid et à la mort sont au service d'une dimension macabre du portrait.
2. Un portrait macabre, mais non dépourvu de vie De même que le baron de Sigognac dans le premier chapitre,en effet, Chiquita est assimilée à une morte, apparence due à sa pauvreté : son visage est décrit comme un crâne : elle n'a que la peau sur les os - "la maigreur de sa figure" - ses pommettes sont saillantes, donc elle a probablement les joues creuses - " aucune couleur aux joues, dont les pommettes saillaient" - et ses dents sont apparentes - dans la proposition relative "dont le sourire malade découvrait des dents d'une blancheur nacrée", les dents découvertes associées au "sourire malade"évoquent le rictus que dessinent habituellement les mâchoires d'une tête de mort, également évoqué l. 110 : "un rire sardonique voltigeait sur ses lèvres pâles, interrompu de temps à autre par un claquement de dents fiévreux, rapide et sec". Malgré tout la vie l'habite bel et bien : "Toute la vie paraissait réfugiée dans ses yeux". Le fait qu'elle n'anime que ses prunelles, bien qu'étrange,est toujours moins curieux que la façon dont elle transparaît en elle : toute manifestation de vie en elle est qualifiée de "fiévreuse" ou de nerveuse : "éclat fébrile" à rattacher à la nervosité, "faible rougeur" à associer à la fièvre, "claquement de dents fiévreux" qui manifeste l'une et l'autre, "tremblement nerveux". Tout ceci contribue à déshumaniser la petite fille, de même que la métaphore du masque : explicite à la fin de l'extrait - "ce masque livide"-, elle se devine déjà au début du passage, où le hâle de sa figure dissimule tel un masque son teint livide - "sous le hâle de sa figure paraissait une pâleur de cire, une pâleur mate et profonde" (qui évoque la pâleur du cadavre une fois encore).
3. Le contraste entre l'âge de Chiquita et son allure Le fait que Chiquita soit une enfant - Chiquita, en espagnol, signie fillette - contraste donc avec la façon dont elle est décrite. Tout d'abord, certains des termes employés au sujet de Chiquita, la réduisent à l'état d'objet : "ce pauvre petit tas de haillons" la réduit à des chiffons, comme si elle était quantité négligeable, ce qui n'est pas le cas puisque le narrateur centre ce chapitre sur elle ; et l'on a déjà cité la métaphore "ce masque livide". Le mot "fauve" qui qualifie son teint est généralement employé en tant qu'adjectif pour désigner la couleur brun-roux du pelage de certains animaux ; ou, en tant que substantif (= nom commun), il désigne les grands félins sauvages (dont le pelage tire d'ailleurs sur la couleur fauve). Par ailleurs, le narrateur lui attribue également la férocité de ces derniers, dans une oxymore qui rappelle malgré tout qu'il s'agit bien d'une petite fille : "une admiration enfantine et une convoitise féroce". Ce mélange d'animalité et d'humanité apparaît encore dans le GN : "la petite sauvage". | |
| | | Mlle Cappon
Messages : 305 Date d'inscription : 21/09/2008
| Sujet: Re: Séance 3 : Chiquita, un personnage essentiel Mer 17 Déc - 22:25 | |
| II. Une rencontre placée sous le signe du destin
C'est en raison de la "convoitise féroce" et de "l'admiration enfantine" citées plus haut que le destin d'Isabelle et celui de Chiquita vont s'entremêler.
1. Les causes du comportement de Chiquita Chiquita est fascinée par les richesses qui semblent parer les comédiennes : le verbe "éblouissaient", les mots "scintillation" et "orient" montre que c'est l'éclat de leurs bijoux qui la fascine, le nom "extase", qui a un sens quasi-religieux même dans ce contexte, et qui témoigne de l'intensité de l'émotion de la petite fille, au même titre que la proposition "elle n'avait, de sa vie, rien vu de si beau", où la précision "de sa vie", associée à la tournure intensive "rien de si beau", soulignent avec insistance le fait que sa réaction est disproportionnée par rapport à la valeur de ces ornements en toc. Pour mieux mettre en évidence le contraste entre l'émerveillement sauvage de Chiquita et le fait que les bijoux de comédiennes sont faux, l'on relèvera que chaque terme en rapport avec la brillance et l'éclat de ces derniers est accolé de façon oxymorique à un terme qui dissipe l'illusion : "or faux", "orient trompeur", "perles de Venise" (=fausses perles). De même que les spectateurs, le temps d'une représentation, croient à la réalité de ce qui se déroule sur scène, Chiquita se laisse tromper par l'illusion des accessoires de théâtre.
2. Le théâtre, facteur de rencontre C'est en raison de ces accessoires de théâtre que Chiquita remarque Isabelle. Leur première rencontre est une rencontre visuelle. Le lexique se rapportant à la vue est effectivement très présent : "yeux" (employé à deux reprises) , "prunelles", "éblouissaient", "vu", "regardait". Parallèlement, de plus, les yeux de Chiquita sont disproportionnés par rapport à son visage : "la maigreur de sa figure faisait paraître ses yeux énormes". Cette première rencontre n'augure cependant rien de bon : la convoitise de l'enfant laisse deviner que les comédiens et elle sont appelés à se rencontrer de nouveau - elle les fera dévaliser par le bandit qu'elle accompagne, Agostin. Les adjectifs qualifiant son expression à la fin de l'extrait confirment cette menace : "farouche et sinistre". Ceci dit, cet intérêt excessif de Chiquita pour les bijoux d'Isabelle et de la Sérafine les lie les unes aux autres. Sans ce regard porté par la petite fille, jamais leurs destins ne se seraient rejoints. | |
| | | Mlle Cappon
Messages : 305 Date d'inscription : 21/09/2008
| Sujet: Re: Séance 3 : Chiquita, un personnage essentiel Jeu 18 Déc - 21:09 | |
| Conclusion
Le portrait de Chiquita, tracé par le biais de contrastes et d'oppositions, témoigne de la volonté du narrateur de souligner l'importance de ce personnage à travers ses particularités : bien vivante malgré son aspect cadavérique, humaine et enfantine malgré sa sauvagerie, cette petite fille, dès cette première apparition, lie inconsciemment son destin à celui des héros. Le portrait dessiné en des termes fantastiques rappelle la façon dont était décrit Sigognac, et la rattache donc indirectement à ce dernier ; l'intérêt avide qu'elle porte aux faux bijoux des comédiennes la lie à celles-ci, et plus particulièrement, comme on le voit dans la suite du roman, à Isabelle, qui lui offrira son collier de fausses perles, suscitant chez Chiquita une reconnaissance infinie. L'on peut constater que les personnages secondaires d'un roman ne sont pas pour autant négligeables : leur intervention dans le cours de l'histoire influence profondément l'avenir des protagonistes. | |
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| Sujet: Re: Séance 3 : Chiquita, un personnage essentiel | |
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