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 Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images

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Mlle Cappon




Messages : 305
Date d'inscription : 21/09/2008

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MessageSujet: Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images   Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images Icon_minitimeVen 26 Sep - 17:11

I. Lecture analytique : Molière, Dom Juan, acte IV, scène 6

L'extrait s'ouvre sur la prise de parole d'Elvire, qui entre en scène couverte du voile des religieuses. Elle commence par s'excuser de la colère qu'elle a montré le matin (acte I, scène 3) en apprenant que Dom Juan, sitôt après l'avoir épousée, la trompe déjà. Ses excuses ne sont pas explicites : elles sont sous-entendues par les termes qu'elle emploie pour qualifier son courroux passé : d'une part, le démonstratif "ce" dans "ce courroux que j'ai tantôt fait éclater" est porteur d'une connotation péjorative, de même que la tournure restrictive "ne"..."que" de la ligne 5 :"dont l'âme irritée ne jetait que menaces et ne respirait que vengeance" ; d'autre part, elle joint des adjectifs qualificatifs à connotation péjorative aux noms qui désignent le sentiment à l'origine de cet emportement : "ces indignes ardeurs" (ligne 6), "ces transports tumultueux" (ligne 7), "un attachement criminel" (ligne 7), "ces honteux emportements d'un amour terrestre et grossier" (ligne 8 ).

Elvire annonce ici que cette colère est passée, que son état d'esprit vis-à-vis de Dom Juan a changé radicalement. Elle marque l'opposition entre la passion qui animait ses sens et l'amour qu'elle éprouve à present par l'emploi de qualificatifs antithétiques (= contraires) de ceux qui viennent dêtre cités. "Une flamme épurée de tout le commerce des sens" s'oppose aux "indignes ardeurs", la "tendresse toute sainte" aux "transports tumultueux d'un attachement criminel", "un amour détaché de tout" aux "emportements d'un amour terrestre et grossier"

Ainsi, bien que Dom Juan lui soit infidèle, elle ne ressent plus aucune jalousie, et cherche à le rendre heureux, en ne "se met[tant] en peine que de [son] intérêt".


A cette réplique, Dom Juan ne répond rien : ignorant Done Elvire, il reproche à son valet Sganarelle d'en être ému : "Tu pleures, je pense." En lui prêtant cette réplique ironique, Molière marque l'opposition radicale entre Elvire, qui lui témoigne l'éternité de son amour, et Dom Juan, qui semble incapable d'émotion.
Apparaît également ici un contraste entre le libertin et son valet, puisque celui-ci, au contraire de son maître, se laisse émouvoir par la jeune femme. Il ressemble d'ailleurs davantage à Elvire qu'à Dom Juan : de même qu'elle demande pardon pour sa colère pourtant justifiée, Sganarelle s'excuse de son émotivité - "Pardonnez-moi" (ligne 12) - alors qu'elle paraît plus appropriée que l'insensibilité de Dom Juan.
Le décalage entre la réplique du héros de la pièce et celles des deux autre personnages pourrait créer, selon la mise en scène choisie, un effet comique.


Elvire explique ensuite, tout aussi longuement, la raison de sa venue :"C'est ce parfait et pur amour qui me conduit ici pour votre bien, pour vous faire part d'un avis du Ciel, et tâcher de vous retirer du précipice où vous courez." Pour convaincre son auditeur qu'il doit quitter sa vie dissolue et racheter ses péchés, elle tente dans un premier temps de faire naître en lui de la honte, par l'usage de termes péjoratifs tels que "dérèglements" (l. 15), "égarements" (l. 16), "offenses" (l.17).
Elle cherche également à l'intimider, à le détourner du libertinage en le menaçant à plusieurs reprises et sous des formulations différentes de la colère de Dieu et de l'Enfer, menace prophétique puisqu'il sera damné à la fin de la pièce : les propositions "vos offenses ont épuisé sa miséricorde" (l.17), "sa colère redoutable est prête de tomber sur vous" (l.18 ) et le superlatif "le plus grand des malheurs" (l.19), qui désigne la damnation, vont dans ce sens, de même que les GN "exemple funeste de la Justice du Ciel" et "épouvantable coup" (l.25-26)
Enfin, elle tente de le convaincre par le sentiment, au travers de l'antithèse "douleur extrême"/"Joie incroyable" qui structure la phrase "J'aurais une douleur extrême qu'une personne que j'ai chérie tendrement devînt un exemple funeste de le Justice du Ciel ; et ce me sera une joie incroyable si je puis vous porter à détourner de dessus votre têe l'épouvantable coup qui vous menace." (l.24-26). La menace devient alors une supplication - "De grâce" (l. 26), "faveur" (l.27), emploi de l'impératif présent "ne me refusez point votre salut" (l. 28 ), "demande" (l. 28 ), "prières" (l. 29).
Pour l'émouvoir davantage, elle lui rappelle l'intensité de son amour pour lui, le sacrifice qu'elle a fait pour lui en se détournant du droit chemin pour l'épouser (l. 32-33) en le grandissant encore par l'adjectif d'intensité "extrême", la tournure intensive "rien au monde ne m'a été si cher que vous". Cette phase de son argumentation vise à créer chez Dom Juan le sentiment qu'il aurait une dette envers elle. Quant à sa requête, elle va en amoindrir l'importance en comparaison de ce qu'elle a fait pour lui en employant cette fois une structure de phrase restrictive : "toute la récompense que je vous en demande, c'est de corriger votre vie, et de prévenir votre perte."(l.33-34)
Enfin, sentant malgré tout que Dom Juan pourrait ne pas l'aimer assez pour accepter de changer afin de la rendre heureuse, elle conclut en résumant ses arguments : "Sauvez-vous, je vous prie, ou pour l'amour de vous, ou pour l'amour de moi " reprend à la fois la menace qui pèse sur son âme et la douleur qu'éprouverait Elvire à le savoir damné. En outre, sachant que Dom Juan ne s'émeut pas aisément face aux larmes, elle achève sa tirade en le pressant de se racheter au nom de ce à quoi il tient le plus.
Quant aux deux dernière répliques de Sganarelle, tout en marquant le contraste entre Elvire, qu'il plaint - "Pauvre femme" (l.31) - et Dom Juan, insensible - "Coeur de tigre !" (l. 38 ) -, elles dévoilent la façon dont Dom Juan reçoit ce discours : Elvire, malgré ses larmes et son éloquence, ne parviendra pas à le persuader d'abandonner sa vie libertine. Sganarelle dit sans doute "Coeur de tigre" en réaction à l'attitude de Dom Juan : on peut donc imaginer qu'il reste de marbre et ne s'émeut à aucun moment pendant que son épouse lui parle. Enfin, de même que les mises en garde d'Elvire, ces deux exclamatives sont prophétiques : "Pauvre femme" parce que Dom Juan va refuser de changer, et va être damné, pour la plus grande douleur Done Elvire. "Coeur de tigre" parce que Dom Juan reste insensible, indomptable. C'est cet orgueil qui le perdra.


Dernière édition par Mlle Cappon le Mar 23 Déc - 13:30, édité 1 fois
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images   Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images Icon_minitimeJeu 2 Oct - 15:10

II. L'interprétation de Dom Juan par Louis Jouvet

A travers les conseils que donne Louis Jouvet à une élève du Conservatoire pour jouer le rôle d'Elvire, on voit apparaître sa conception de la façon dont doit être mise en scène la pièce de Molière.
Il semble privilégier la sobriété de la mise en scène : "tu feras cela comme tu voudras, tu n'as pas besoin de pleurer". A cela il souhaite voir s'ajouter la sincérité du jeu de l'actrice qui interprète le rôle d'Elvire : "qu'à l'intérieur de toi-même, il y ait vraiment des larmes". Cette phrase signifie que l'actrice doit s'identifier à Elvire quand elle l'interprète.Plus généralement, il privilégierai donc dans ses mises en scène un jeu d'acteur sobre, simple, sincère et fidèle au texte : "C'est dans le morceau. Il faut le mettre dans l'exécution".
Par le fait que les acteurs doivent s'identifier aux personnages, on comprend qu'il a pour but, quand il met en scène une pièce, de faire vivre ses personnages, de donner vie à l'intrigue, comme si tout cela se déroulait réellement au lieu d'être une simple pièce de théâtre.
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images   Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images Icon_minitimeJeu 2 Oct - 15:30

III. L'interprétation de Dom Juan par Jacques Lassalle

La conception qu'a Jacques Lassalle de la mise en scène d'une pièce et très diffèrente de celle de Jouvet si l'on en croit cet extrait de Conversations sur Dom Juan.
En effet, il ne parle nullement des sentiments des personnages et le critique Jean-Loup Rivière l'interroge au sujet d'un élément de la mise en scène qui diverge du texte de Molière : "un tout petit événement, une difficulté, une contradiction ou une étrangeté".
Cette divergence est due à la façon dont Lassalle a placé les personnages pour la réplique "Tu pleures, je pense." adressée normalement à Sganarelle. En plaçant Elvire entre les deux autres locuteurs, on ne sait plus à qui parle Dom Juan.
Ce choix de mise en scène, qui trouble le public, a pour but de faire réfléchir le public aux différentes significations possibles de la réplique, aussi éloignées soient-elles de la signification première. C'est ce que suggère Rivière ("une étrangeté me di[t] : fais attention, j'ai quelque chose à te dire") et c'est ce que confirme Lassalle en développant les différents sens de la réplique : "c'est un exemple de la géometrie variale des répliques.[...] "tu pleures, je pense", "je pense que tu pleures" et aussi "tu pleures et moi je pense... L'ultime destinataire, c'est toujours moi qui suis dans la salle."
Il insiste donc sur le fait que la pièce de théâtre est destinée avant tout à faire réfléchir lepublic et à faire passer un message, qui n'apparaîtrait qu'en jouant avec tous les sens possibles d'une phrase hors du contexte de la pièce. C'est pourquoi il déshumanise les personnages et choisi de ne pas rester totalement fidèle au texte de Molière. Il ne met plus en scène les amours de Dom Juan, il met en scène les mots, les phrases et leurs multiples significations.
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MessageSujet: Re: Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images   Séance 3 : lecture analytique de textes et d'images Icon_minitime

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