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 Séance 3 : la fable

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Mlle Cappon




Messages : 305
Date d'inscription : 21/09/2008

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MessageSujet: Séance 3 : la fable   Séance 3 : la fable Icon_minitimeJeu 4 Juin - 0:27

Introduction

Fable à la morale implicite sur les liens qu’entretiennent l’argent et le bonheur.
Argumentation indirecte dont la force repose sur le contraste entre les deux personnages et le jeu des valeurs mis en scène dans la fable.
Genre de l’apologue : récit bref à visée argumentative et dont les éléments ont une portée allégorique.

Problématique : comment un récit d’apparence très simple peut-il véhiculer des messages complexes ?
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 3 : la fable   Séance 3 : la fable Icon_minitimeJeu 4 Juin - 0:28

I.UN RECIT PLAISANT

1.des personnages stylisés et contrastés

Le titre : désigne les personnages par leurs métiers en les opposant (appartenance à deux classes sociales distinctes). Ces deux personnages vont être constitués en types par la fable.
Le Savetier : d’abord caractérisé par sa joie de vivre (réseau lexical du bonheur : « chantait », « merveilles », « content », « en chantant »). Le fabuliste le caractérise aussi par son naturel naïf et spontané dû à sa classe sociale. La comparaison plaisante (v.4) aux « sept sages » est gentiment ironique puisque ces derniers devaient leur bonheur à leur science, tandis que celui-là le doit à son ignorance + l’hyperbole « tout l’argent que la terre… ». Son langage est imagé et populaire (« j’attrape le bout de l’année »), et il se montre peu embarrassé par les convenances tant envers quelqu’un d’un rang social supérieur (« Ma foi, Monsieur / Dit avec un ton rieur / Le gaillard savetier »), qu’envers les représentants de l’église (« et monsieur le Curé / De quelque nouveau Saint charge toujours son prône »).
Le Financier : est un homme riche. Il est malheureux, même si cela n’est jamais clairement dit dans la Fable ou, du moins, est profondément aigri. C’est par le contraste créé entre lui et le Savetier (« chantait peu », « au contraire ») qu’apparaît son malheur, dont l’argent est la cause (« étant tout cousu d’or »). Le Financier est un homme ingrat qui se plaint à la Providence (v. 10,11), et que son argent autorise à se croire supérieur aux autres comme en témoignent l’apostrophe ironique et condescendante « sire Grégoire », l’enjambement au vers 15 qui réduit le savetier à n’être qu’un « chanteur », ainsi que la participiale « riant de sa naïveté » (remarquons au passage que le Savetier est un « rieur » en construction absolue alors que le financier rit d’autrui). En outre, le financier est dépeint comme un calculateur, à tous les sens du terme puisque pour lui, tout devrait pouvoir se vendre ou s’acheter : « n’eussent pas fait vendre au marché le dormir / Comme le manger ou le boire ». Les infinitifs substantivés confèrent une dimension abstraite à ces plaisirs de la vie tout en les assimilant à des biens marchands. Par ailleurs, le financier se montre calculateur voire retors sur le plan humain également, comme le montrent les questions inquisitrices qu’il pose au Savetier afin d’évaluer son champ d’action pour retrouver le sommeil (répétition de la question : « que gagnez-vous… ? », « riant de sa naïveté »). Il prend en effet bien soin de préciser au Savetier de conserver l’argent qu’il lui remet (« gardez-les avec soin / Pour vous en servir au besoin ») afin de s’assurer l’inquiétude de son voisin.
Ainsi les deux portraits reposent sur une double opposition : l’un est riche l’autre pas, l’un est acariâtre et aigri, l’autre est joyeux. Sans s’appesantir, le fabuliste invite le lecteur à déduire un rapport de cause à effet de ces oppositions, ce qui conserve au récit sa dimension plaisante.


2.un récit varié

Le fabuliste a recours, comme souvent, à tous les ressorts de la narration afin d’empêcher tout ennui. Les deux portraits antithétiques à la fois simples et parlants, le long passage au discours direct qui permet de caractériser les personnages de manière plus complexe, le recours au discours indirect libre (vers 46) mais aussi le sommaire qui permet d’accélérer le rythme de la narration aux vers 37 à 46, tous ces éléments, donc, permettent à La Fontaine de garder en éveil son lecteur.

3.un récit enlevé
La fable se structure comme n’importe quel récit, autour d’un schéma narratif, ici tout à fait linéaire et simple. Les vers 1 à 13 remplissent la fonction de la situation initiale qui présente les deux personnages et lien qui les unit (ils sont voisins, v.5). Les vers 14 à 33 mettent en place l’élément perturbateur, c’est-à-dire la proposition faite par le Financier au Savetier de conserver 100 écus afin de retrouver le sommeil. Les vers 34 à 49 présentent l’élément de résolution, autrement dit, la décision du Savetier de rendre son argent au Financier. La situation finale quant à elle, est facilement imaginable, bien qu’elle soit implicite, tout comme la morale de cette fable. Cela n’est d’ailleurs pas un hasard : c’est tout naturellement que le lecteur est conduit à construire le sens de cette fable à laquelle il manque la situation finale.
Remarquons en outre que La Fontaine a conçu son récit sur le schéma habituel de l’initiation : l’innocent Savetier est tenté par le Financier, discrètement diabolisé, et la fable raconte l’histoire d’une initiation sur le thème de l’argent et du bonheur.
Toute la fable en réalité programme la fin qui peut être passée sous silence : le Savetier est de nouveau heureux, presque comme dans un conte, puisque l’initiation qu’il subit lui permet de découvrir que la préoccupation de l’argent n’est pas compatible avec le bonheur. La sagesse populaire prend la place de la fin merveilleuse.

On voit ainsi clairement que la fable répond à l’exigence qui veut qu’un apologue divertisse son lecteur. Le récit met en œuvre les procédés plaisants du récit au service d’une visée qui reste didactique.
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Mlle Cappon




Messages : 305
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MessageSujet: Re: Séance 3 : la fable   Séance 3 : la fable Icon_minitimeJeu 4 Juin - 0:37

I.UN RECIT EDIFIANT (INSTRUCTIF)

1.des personnages porteurs de valeurs (le bonheur et l’argent)
La stylisation des personnages permet à La Fontaine d’en faire des types facilement identifiables, par conséquent des porteurs de valeurs. Ainsi, le Savetier est associé à la joie et au bonheur tandis que le Financier est associé à l’argent. Le champ lexical de l’argent présent dans tout le texte le confirme : « étant tout cousu d’or », « finance », « fait vendre », « que gagnez-vous », « on nous ruine », « cent écus », « l’argent », « l’argent », « vos cent écus ». Il s’agit bien d’une fable sur l’influence qu’a l’argent sur les gens heureux. En effet, tant que le Savetier n’en a pas, il vit au présent et est donc insouciant, ainsi que les enjambements des vers 18-19, 19-20 et 20-21 en témoignent. Ces enjambements successifs miment le rapport au temps du Savetier qui vit un jour après l’autre comme il le dit lui-même dans une sorte de morale interne : « chaque jour amène son pain ». Mais dès qu’il entre en possession des cent écus, son rapport au temps se modifie, il se met à redouter l’avenir. Un autre enjambement remarquable au vers 38 montre la transformation du joyeux Savetier en Harpagon : le substantif « argent » est habilement retardé (« dans sa cave il enserre / L’argent et sa joie à la fois »), traduisant l’anxiété qui entoure ce nouveau bien qu’il faut dissimuler. Le ver est dans le fruit…

2.le renversement des valeurs / la destruction du bonheur par l’argent
Ainsi, les valeurs associées au Savetier s’inversent dès lors qu’il entre en possession de l’argent. La joie et l’insouciance qui faisaient de lui un merveilleux spectacle (« merveilles de le voir / Merveilles de l’ouïr ») disparaissent et c’est désormais lui qui regarde, épie, à l’affût du moindre bruit (« Tout le jour il avait l’œil au guet »). De nouvelles valeurs remplacent celles du début au moyen d’une personnification plaisante : « Le sommeil quitta son logis / Il eut pour hôtes les soucis, / Les soupçons, les alarmes vaines ». On observe même une gradation depuis la perte de sommeil, en passant par les soucis jusqu’aux hallucinations finales des vers 45 et 46, gradation presque pathétique qui entraîne le Savetier à rendre les cent écus au Financier.

3.un message bien plus complexe qu’il n’y paraît

Le fabuliste prend parti, bien évidemment pour le Savetier contre le Financier, et ce dès les premiers vers, puisque l’argent est identifié comme obstacle au bonheur v. 5 grâce à une proposition participiale causale nettement ironique. D’autre part, le Financier est présenté comme un homme de pouvoir qui use et abuse de l’impératif au vers 32 (« Prenez », « Gardez »), dont l’effet est renforcé par l’auxiliaire à valeur modale « je vous veux mettre sur le trône ». La décision finale du Savetier est celle que défend le fabuliste qui prend parti pour lui notamment à travers le modalisateur « le pauvre homme » au v. 46.
La Fontaine met donc en scène des valeurs philosophiques, autant que des personnages dans cette fable et étudie leurs confrontations au moyen d’un récit bref, imagé et vivant. La morale qui vient en premier à l’esprit du lecteur est sans aucun doute le proverbe bien connu selon lequel « l’argent ne fait pas le bonheur ». Mais on voit vite que celui-ci échoue en partie à rendre la complexité de ce petit conte où le bonheur tient aussi à l’ignorance du Savetier et à sa naïveté. Le proverbe ne dit pas non plus que le bonheur réside dans un certain rapport au temps qui exclut qu’on se projette dans l’avenir et qui suppose qu’on soit capable de se satisfaire de ce que l’on a. Si le Savetier devient malheureux, c’est encore parce qu’il se met à surveiller autour de lui. Le bonheur suppose peut-être qu’on regarde en soi-même. Enfin, de toute évidence, La Fontaine nous montre que le bonheur est incompatible avec l’idée de possession.
Mais l’argent n’est peut-être ici qu’un corollaire de l’angoisse comme le suggère la rime « soin /besoin », car au fond, ce qui détruit le bonheur du Savetier, ce n’est pas le manque d’argent lui-même, mais bien l’angoisse du manque.
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Mlle Cappon




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MessageSujet: Re: Séance 3 : la fable   Séance 3 : la fable Icon_minitimeJeu 4 Juin - 0:38

Conclusion


Sous ce récit apparemment léger, se dessine donc un réseau de significations qu’une morale n’aurait sans doute pas épuisé. C’est peut-être pour cette raison que La Fontaine préfère ne pas proposer de morale au terme de cette fable, laissant au lecteur le soin de méditer sur les niches que l’argent creuse à l’angoisse dans nos esprits.
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MessageSujet: Re: Séance 3 : la fable   Séance 3 : la fable Icon_minitime

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